Le Projet Rectec, un nouvel outil pour évaluer les
compétences transversales


Le projet Rectec (reconnaître les compétences transversales en lien avec l’employabilité et les certifications), financé par l’Union européenne, facilite l’insertion professionnelle des publics peu qualifiés. Présenté le 13 juin à Bruxelles; son référentiel est désormais disponible en ligne en libre accès.

Par Laurence Estival – Le 17 juin 2019

Aux termes de trois ans de travaux qui ont mobilisé neuf partenaires à l’origine de vingt expérimentations dans trois pays
européens francophones (Belgique, France, Luxembourg), le projet Rectec (reconnaître les compétences transversales en
lien avec l’employabilité et les certifications) va entrer dans une phase opérationnelle.

Mesurer autonomie et responsabilité

Pour la première fois, un référentiel unique, organisé en douze compétences regroupées autour de quatre pôles pour mesurer le degré d’autonomie et de responsabilité des individus en matière d’organisation, de communication, de capacité d’actions et de développement personnel, va être mis à la disposition de tous les acteurs de l’insertion professionnelle. Chacune de ces compétences est déclinée en quatre niveaux qui reprennent les quatre premiers niveaux du CEC (Cadre européen des compétences). « Il ne s’agit pas d’enfermer les apprenants dans des cases mais de leur montrer où ils en sont à un moment donné et de les inscrire dans une dynamique évolutive, les compétences étant amenées à évoluer en permanence », insiste Habib Marande, expert Ecvet Ecvet. European Credit for Vocational Education and Training. Système européen de crédit d’apprentissages pour l’enseignement et la formation professionnels.. Combinées aux compétences techniques propres à un métier, elles devraient déboucher sur une évaluation plus fine des talents de chaque individu.

Un référentiel, de multiples utilisations

« Cette cartographie des compétences va être utilisée en matière d’orientation, de formation, de certification et de recrutement », explique Joëlle Pochelu, référente France du projet. Des exemples sont venus illustrer ses propos : si le Forem belge utilise ce référentiel pour accélérer l’insertion des migrants, le COS (Centre d’orientation socioprofessionnelle) luxembourgeois l’a mobilisé pour accompagner les jeunes sans emploi dans la définition de leur projet professionnel, quand la Dava (Dispositif académique de validation des acquis) d’Île-de-France s’en est emparé pour aider des publics en reconversion à expliciter leurs compétences pouvant faire l’objet d’une VAE (validation des acquis de l’expérience).

Réponse à la difficulté de formaliser

Déjà, les entreprises se sont montré intéressées à l’image de la SNCF, de la Poste ou de la RATP. « Notre démarche correspond à une demande des employeurs qui accordent de plus en plus d’importance aux compétences transversales. Et ce dispositif est une réponse à leur difficulté à formaliser ce qu’elles recherchent », ajoute Yves Magnant, directeur général adjoint « Produits et services » au Forem. Pour les apprenants aussi, les retombées ne sont pas négligeables : « Recenser et évaluer leurs compétences est un moyen de leur donner confiance en eux en leur montrant ce dont ils sont déjà capables », pointe Ingrid de Saint-Georges, professeure en sciences de l’éducation de l’Université du Luxembourg. De quoi inciter les promoteurs du projet Rectec à poursuivre sur leur lancée en élaborant un référentiel qui s’adresserait cette fois aux plus qualifiés. Un projet en ce sens a été déposé auprès de la Commission européenne. Réponse attendue dans le courant du mois de juillet.